LE MATÉRIEL — BASE ARRIÈRE — CARTES

 

Moins pittoresques que les parchemins usés de nos souvenirs d’enfance, les cartes n’en sont pas moins indispensables pour nos chasses au trésor organisées modernes. Les cartes dont nous avons besoin sont de trois types : cartes générales de la France, cartes d’approche à échelle moyenne, et cartes de détail.

Avant de vous en parler, je rappellerai que, dans le jargon des chasses, « zone » ou « zone finale » fait référence à une petite étendue de terrain (disons, au hasard... de la taille d'une ville moyenne) dans laquelle le trésor est présumé se trouver. « Spot » se réfère à une zone beaucoup plus petite, de quelques mètres ou dizaines de mètres carrés dans laquelle se trouve la « cache », c’est-à-dire la localisation effective, exacte et très précise du trésor, dont les dimensions sont souvent de quelques centimètres.

 

CARTES GÉNÉRALES DE LA FRANCE

Il en existe deux principales : la 901 de l’IGN (Institut Géographique National) et la 989 de Michelin.

Cette dernière a été quasi-mythifiée par la Chouette d’Or dont elle est la carte officielle (voir mes pages consacrées à cette chasse). Ces deux cartes existent en versions papier et plastifiée. La version plastifiée, nettement plus coûteuse, présente l’avantage d’être insensible aux variations hygrométriques, dont certains prétendent qu’elles provoquent des dilatations et rétractations des cartes en papier. C’est vrai en théorie mais, dans les environnements bien régulés où nous vivons, je doute que cela ait des conséquences pratiques quelconques. Les mouvements en question ne doivent pas excéder quelques fractions de millimètre, et une chasse qui se jouerait sur une telle précision des tracés serait de toutes façons bien mal conçue !

Quoi qu’il en soit, la carte plastifiée élimine tout risque en ce domaine. Elle offre aussi l’avantage de permettre l’effacement de tracés antérieurs, pour peu que vous utilisiez des feutres effaçables à l’eau du type Lumocolor de Staedtler. Mais ces feutres ont l’inconvénient de s’écraser à la pointe, de telle sorte qu’il devient vite illusoire de tracer des traits vraiment fins et précis. D’autre part, l’usage d’une mine dure a vite fait d'endommager la pellicule de plastique... Bref, vous trouverez sans doute qu’une carte plastifiée et une carte papier sont nécessaires. Plusieurs cartes papier, devrais-je dire, car vos multiples essais (si, si) de tracés rendront vite illisible celle que vous utiliserez.

À l’usage, je trouve la Michelin légèrement plus claire et plus lisible que l’IGN, laquelle se rattrape en étant nettement plus complète en termes de nombres de localités et de routes mentionnées. En résumé, l’IGN fera sans doute une meilleure carte routière, mais cet usage n’est pas celui auquel nous la destinons...

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CARTES D’APPROCHE

Nos cartes d’approche sont sans doute celles qui, tous fabricants confondus, se vendent le plus. Ces cartes à échelle moyenne, bien que rarement utilisées comme cartes de référence dans les chasses, sont indispensables pour faire le lien entre les cartes générales et les cartes de détail. Leur précision est suffisante pour se faire une première idée de la configuration d’une zone, et leur richesse permet d’y prélever des informations supplémentaires à reporter, si nécessaire, sur la carte générale.

Idéalement, on en possédera une collection complète.

Ici encore, Michelin et l’IGN sont les deux principaux fournisseurs. Michelin n’offre que l’échelle 1:200.000 mais on a le choix entre les feuilles classiques (n° 51 et suivants, 36 cartes en tout) et les plus récentes « double taille » (n° 230 et suivants).

Les cartes de l’IGN existent, elles, en deux échelles, l’une (1:250.000, série rouge Top 250) souvent trop petite pour nos besoins, l’autre (1:100.000, série verte) excellente et remarquablement détaillée encore que parfois un peu confuses à lire, mais qui présente le sérieux inconvénient de requérir 72 cartes pour couvrir tout le territoire.

 

CARTES DE DÉTAIL

Ça y est, vous avez localisé la zone...! En attendant de pouvoir vous rendre sur le spot, vous mourez d’impatience de consulter une carte aussi détaillée que possible de l’endroit... et là, le choix est beaucoup plus restreint puisque seul l’IGN commercialise de telles cartes en deux séries, au 1:50.000 et 1:25.000 (« Série bleue » ou Top 25, ces dernières étant plutôt orientées vers le tourisme).

Coûteuses, bizarrement découpées en fonction d'impératifs autres que les nôtres, pliées trop serré et fragiles, elles ont tout pour plaire mais sont irremplaçables. Quel plaisir de planifier et d’anticiper une expédition sur le terrain en détaillant minutieusement les bosquets, les lignes forestières, les courbes de niveau, les vallons et les ruisseaux : on s'y croit déjà... sauf que dans la réalité, les choses sont souvent bien différentes !

Eh oui, les cartes les plus fines, au 1:25.000, ne présentent que l’apparence de l’exactitude... Bien qu'elles soient, paraît-il, régulièrement actualisées, la masse d'informations à recueillir et à traiter est telle qu'en pratique, la configuration des lieux s’avère fort différente de ce qu’on avait cru pouvoir anticiper, qu’il s’agisse du profil des chemins, du type de végétation, et même (et c'est plus grave) de la localisation précise de repères tels que chapelles, calvaires, pierres levées, etc.

De plus, ces cartes sont difficiles, voire impossible à trouver. La collection complète est bien sûr disponible à Paris, à l’Espace IGN, 107, rue La Boétie, ainsi que (en principe) dans les Espaces IGN des grandes villes de province. En dehors de ça, votre maison de la presse locale n’aura en stock que les cartes du coin, et encore, et devra commander les autres. Alternativement, vous pouvez commander sur Internet à la boutique en ligne du site IGN. Sachez aussi que l’IGN publie chaque année un catalogue gratuit dont le principal intérêt est de présenter de manière claire et lisible l’assemblage des 1.610 cartes au 1:25.000 nécessaires pour couvrir le territoire français !

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ATLAS ROUTIERS

Les atlas des fabricants de cartes, tels que l’atlas Michelin, peuvent être intéressants du fait que le découpage de leurs feuilles, différent de celui des cartes vendues individuellement, peut à l’occasion vous éviter d’avoir à travailler sur deux feuilles adjacentes. Leur format les rend aussi, en général, plus maniables et l’épaisseur de leurs pages limite les risques de déchirement. Et comme l’atlas est une reproduction des cartes assemblées du même fournisseur, les informations présentes sur l’un et sur les autres sont en principe strictement identiques.

En revanche, il existe aussi d’autres atlas fabriqués à façon pour le compte d’autres éditeurs non cartographes professionnels, comme l’atlas routier du Reader’s Digest. Ce type d’atlas est à éviter car, outre le fait qu’il n’est souvent pas disponible dans le commerce, il peut présenter, selon le cartographe sous-traitant et l’éventuel traitement personnalisé qu’il a fait subir au fond de carte à la demande de son client, des différences significatives par rapport aux cartes et atlas couramment en vente dans le commerce.

Ainsi, dans Le Trésor de Dieuleveult, un des éléments, il est vrai secondaire, de l’une des énigmes, ne pouvait se comprendre pleinement qu’en utilisant l’atlas du Reader’s Digest, que l’auteur avait choisi comme source. À défaut d’indications de l’auteur, n’utilisez donc que les atlas routiers Michelin et IGN, et seulement s’ils s’avèrent plus commodes en complément des cartes classiques.

 

DES CARTES EN LIGNE

Il y a quelques années, l’IGN avait conclu un accord avec le site commercial Signet, aujourd’hui disparu, sur lequel vous pouviez acquérir la photo satellite de n’importe quel coin de France. Là où les choses devenaient franchement intéressantes, c’est que, pour vous permettre de localiser le cliché immortalisant votre Sam’Suffit campagnard, Signet avait mis en ligne la collection intégrale des cartes IGN au 1:25.000... collection qui coûte quand même plus de 100.000 francs sur les CD-ROM de l’IGN !

Aubaine pour les chasseurs de trésors : on pouvait télécharger n’importe quelle portion de n’importe quelle carte, y faire des tracés, l’imprimer, etc., et le tout sans bourse délier...

L’IGN, par ailleurs animé d’un fort sens commercial, a dû réaliser rapidement que le nombre de hits sur le site Signet était sans commune mesure avec le nombre des photos satellite vendues... et la convention fut résiliée.

Reste aujourd'hui le site de l’IGN lui-même (www.ign.fr), toujours intéressant à visiter et qui fournit quelques fonds de cartes de France que Patrice Salvy a su dénicher et que vous trouverez sur son site, rubrique « Documentation ».

N E W ==> Le flambeau a été repris par la société Bayo qui commercialise en 179 CD (!) la totalité des cartes IGN au 1:25.000 (série bleue et Top 25). À raison d’un demi-département par CD pour 30,34 € (199 F), le produit, dénommé Carto-Exploreur, reste cher mais présente des fonctionnalités nombreuses et utiles, que vous pourrez découvrir sur le site de Bayo. À noter que ces cartes peuvent être utilisées avec le logiciel Carto-Nav, vendu séparément pour un prix cette fois très raisonnable (50,16 €, soit 329 F), qui permet d’interfacer les cartes avec un GPS et d’échanger des données dans les deux sens afin de programmer une expédition sur le terrain ou, à l’inverse, d’exploiter « dans son fauteuil » :o) les données collectées sur place.

Je signale aussi qu’un autre chouetteur, Nag, a réalisé un travail de Titan qui mérite d’être salué : il a numérisé la Michelin 989 en niveaux de gris et impeccablement assemblé les scans en deux fichiers, un « mini » de 983 Ko quand même, et un grand de 5,7 Mo. Ces scans peuvent être téléchargés en format .zip sur le site de Nag, rubrique (vous l'auriez deviné) « Cartes ». Le petit fichier est à mon avis trop dense pour être vraiment utilisable, mais le grand est un véritable plaisir à manipuler sur un moniteur de taille suffisante (au moins 17 pouces, de préférence 20 ou 21 pouces) et un PC assez performant (processeur et carte graphique) pour gérer les rafraîchissements de l’image à chaque fois qu’on déplace la carte à l’écran.

La cartographie en ligne (et gratuite) est un secteur en plein développement, qu’il s’agisse de plans de villes ou de cartes plus ou moins détaillées de nombreux pays du monde. La chasse TH2001 a été l’occasion de découvrir ou redécouvrir ces ressources. Vous trouverez de plus amples développements sur ce sujet sur ma page « Ressources Internet ».

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CONCLUSION SUR LES CARTES

Achetez une Michelin 989 plastifiée et au moins une version papier au début de chaque nouvelle chasse. Il faut aussi posséder une collection complète de cartes d’approche. Je préfère pour ma part les Michelin double taille au 1:200.000, qui regroupent tout le territoire sur 16 feuilles seulement.

Faites cet investissement. Il est modéré et sinon, loi de Murphy aidant, vous pouvez être sûr(e) que votre prochaine idée de génie surviendra à 2 heures du matin, vous obligeant à trouver une station-service de nuit pour espérer dégotter la carte dont vous avez besoin d’urgence !

Classez vos cartes dans l’ordre et notez, d’une manière visible au premier coup d’œil, leur date ; vous pourrez ainsi facilement repérer les plus anciennes et les remplacer à l’occasion d’une visite au supermarché du coin... Il n’est pas indispensable de posséder la dernière édition de chaque carte, mais des éditions raisonnablement récentes, et de les actualiser quand l’occasion se présente. Il arrive aux auteurs d’utiliser dans une énigme les numéros ou les codes de couleur des routes (rouge pour les nationales, jaune pour les départementales, blanc pour les autres routes), et ceux-ci changent de temps à autre...

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