LES ÉNIGMES DE LA CHOUETTE D’OR

 

470

 

CE N’EST LE BON CHEMIN
QUE SI LA FLECHE VISE LE COEUR

 

Mon Premier par la gaîté se multiplie.

Mon Second t’offre de l’espace,

Mon Troisième de l’air, et mon Quatrième de l’eau.

Quand il est couché, mon Cinquième ronfle.

Mon Sixième vaut cent, et mon Septième n’est qu’un noeud.

Mon Huitième a le goût du laurier,

Tandis que mon Neuvième, par l’étonnement, se traîne.

Mon Dixième est toujours nu quand il a une liaison.

Mon Onzième, enfin, est l’inconnue.

Trouve mon Tout, et, par l’Ouverture, tu verras la lumière.

Synthèse des madits du Fig-Mag :
Le titre concerne la fin de cette énigme.
Le visuel a une dimension symbolique.
Cette énigme donne une destination, et une seule.
Le mot « CŒUR », dans le titre, a une signification précise et une signification symbolique : c’est cette dernière qui est la plus importante.
On voit la lumière depuis « mon Tout » (dernière ligne de l’énigme). Cette dernière ligne signifie : « De mon Tout, vers la lumière, en passant par l’Ouverture ».
La forme « tu verras » marque un futur immédiat.
Un élément antérieur à cette énigme vous permet de savoir si c’est la bonne lumière.
Cette lumière ne concerne pas seulement l’énigme 470 puisque ce mot revient ailleurs.
L’épée du visuel est plantée dans un rocher.
Cette épée n’a pas été rencontrée dans une énigme précédente.
La forme du pommeau de l’épée n’est pas un indice.
L’angle que fait cette épée avec le rocher n’a aucune importance, pas plus que son angle avec le cadre du visuel.

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Selon Max, cette énigme est « assez facile ». Ici encore, une charade faiblarde : « Mon Premier par la gaîté se multiplie » = A ou, à l’avenant, « mon Troisième [t’offre] de l’air » = R, « mon Quatrième de l’eau » = O. Pas de quoi casser trois pattes à un coq... Je passe sur les jeux de mots degré 0,5 sur l’échelle ouverte de Morissbiro, du genre « mon Septième n’est qu’un noeud » = E. Le niveau est à peine relevé par « mon Dixième ».

Bref, « mon Tout » (avec, cette fois, la majuscule attendue, et qu’on ne trouvait pas en 530, on a vu pourquoi) est A RONCEVAUX et il n’y a pas de quoi se relever la nuit.

En apparence. Parce qu’après, ça se corse, avec la première grosse fausse piste (maxienne ou inventée par moi).

Interprétons donc : en 780, on nous a donné une direction générale pour partir de Bourges, le sud. Ici, on nous fournit une étape suivante, Roncevaux, en territoire espagnol : le col de Roncevaux ou Roncesvalles est aujourd’hui plus connu sous le nom de col d’Ibañeta. Notons au passage trois choses:

  1. La précision « le Roncevaux qui est au sud de Bourges » n’est pas inutile puisqu’il existe au moins une autre localité du même nom, en France cette fois, dans le Loiret.

  2. Le A de « A RONCEVAUX » n’est sûrement pas inutile non plus, puisque rien ne l’est dans la Chouette (principe de concision oblige)... mais le moins qu’on puisse dire est que son utilité ne saute pas aux yeux. Quatre hypothèses au moins sont envisageables :

    1ère hypothèse (littérale) : l’auteur avait besoin que la charade compte 11 éléments et pas 9 (car pas de « A », pas d’espace). Onze éléments parce qu’il y a 11 énigmes dans le livre ? A priori non, un madit l’a démenti. Alors, pour une autre raison ?

    2ème hypothèse (incitation) : l’auteur nous donne un petit coup de pouce pour nous faire comprendre que, lorsque nous sommes « à Roncevaux », nous devons y faire encore quelque chose. C’est plausible, mais cette incitation à agir est déjà exprimée, et de manière beaucoup plus claire, par le dernier vers : trouve mon Tout ET ensuite, quand tu auras fait ça, ce n’est pas fini, tu devras aussi voir la lumière par l’Ouverture. Le « A » est donc superfétatoire puisque des instructions aux mêmes fins nous sont données en clair.

    3ème hypothèse (reliquat) : ce « A » correspond parfaitement, a priori, au portrait-robot du reliquat : c’est un élément qu’on « a rencontré » au cours du décryptage, mais à la fin de celui-ci, il ne sert à rien, il reste en surnombre. Si, comme je l’ai suggéré dans la 530, les reliquats sont de nature musicale, ce « A », traduit en notation française, donnerait « LA ».

    4ème hypothèse, cumulable avec la 3ème (incitation supplémentaire) : outre son éventuel rôle de reliquat, le « A » peut nous inciter à aller beaucoup plus loin pour construire une solution dans laquelle il s’inscrive de manière logique et nécessaire, de telle sorte qu’on comprenne pourquoi Max l’a mis là. Par exemple, si le décryptage intégral de la 470 nous conduisait à trouver une solution complémentaire disant « Il y a souvent de la neige », le « A » serait expliqué car la solution complète serait « À Roncevaux, il y a souvent de la neige », phrase qui serait incorrecte sans sa préposition initiale.

    J’en déduis qu’ayant « A RONCEVAUX », l’énigme est loin d’être décryptée, et que la recherche de la lumière ne sera peut-être pas si facile...

  3. Le piéton, avatar du chasseur, qui, boussole en main (énigme 780), quitte Bourges, va-t-il à Roncevaux en ligne droite ? Certainement pas puisqu’en fin de 780, s’ils se retournent, le piéton et le cocher peuvent se voir, alors qu’en fin de 470, ils ne se voient plus. La seule explication logique est que le Piéton change de direction quelque part entre la 780 et la 470. Max a confirmé ce point et précisé que le lieu de changement de direction du Piéton est sans importance.

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APRÈS RONCEVAUX

Maintenant, il va falloir tracer sur la carte de France. Eh oui, il est évident, selon l’evangile de Max, que toute chasse au trésor ne s’entame qu’une carte de France en main... Cela dit, n’importe quel modèle de carte convient à ce stade du jeu, faute de précision de l’auteur. Prenons donc (au hasard) une Michelin 989 plastifiée (ou papier, mais préalablement repassée à fer doux pour effacer les plis), plaçons-y Roncevaux dont la localisation sera approximée au passage depuis une carte plus détaillée et traçons un trait joignant Roncevaux à Bourges (l’Ouverture).

Comme on sait que, lorsqu’on regarde par l’Ouverture, c’est toujours en ligne droite, prolongeons ce trait vers le nord-est jusqu’aux limites de la carte... et c’est là que les chouetteurs commencent à s’empoigner : la lumière, c’est quoi ? Le département de l’Aube, disent certains ; le Luxembourg, clament d'autres en jouant sur le phonème lux, lumière en latin (NOTE : thèse fusillée par un madit d’octobre 2000 selon lequel « la lumière est en France »). D’autres, plus méthodiques, tentent de reporter leur trait sur des cartes d’approche et examinent centimètre par centimètre sur quoi il passe... Le madit sur « l’élément antérieur » qui permet de savoir que c’est la bonne lumière devrait lever le doute, car nous ne sommes ici que dans la 3ème énigme : il n’y a donc pas tant d’éléments antérieurs que ça... N’oublions pas que la 1ère énigme, la B, ne donne que l’ordre et rien d’autre ; elle ne peut donc pas contenir ce mystérieux élément antérieur et c’est bien dommage puisqu’elle aussi parle de lumière...

Bref, depuis 1993, aucun consensus ne s’est encore fait sur la véritable nature de la « lumière », au sens du jeu.

Un corollaire du principe de concision est que les mots importants sont choisis avec soin. Si Max a écrit « voir » et non « regarder », cela peut certes être par référence à l’expression courante « voir la lumière », autrement dit comprendre... mais l’ambiguïté et le double sens étant dans la nature même d’une énigme, mon opinion est qu’à ce stade précis du jeu (et de la 470), on « voit » seulement la lumière, sans précisément savoir quoi « regarder »... On peut donc penser que, géographiquement, la lumière est quelque chose, quelque part au-delà de Bourges, soit dans le quart nord-est de la France. Conceptuellement, on peut également penser que la lumière, au sens du jeu, n’est rien d’autre que la solution d’une énigme ; selon que cette solution est un lieu ou n’en est pas un, la « lumière » sera ou non un point précis sur la carte.

Quant au mystérieux « élément antérieur », c’est tout simplement l’Ouverture elle-même, connue (en tant que concept) et localisée (en tant que lieu) dans la 530... Dans la suite du décryptage de la 470, c’est d’ailleurs plutôt au concept (et plus spécifiquement au mot « Ouverture ») que nous ferons appel.

Il est temps de s’intéresser au visuel, encore non exploité jusqu’ici.

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INTERPRÉTATION DU VISUEL : ATTENTION, DANGER !

Pas de doute : l’épée médiévale est bien plantée « A RONCEVAUX ». Le profil du rocher, à gauche de l’épée, reprend immanquablement celui de la côte septentrionale de l’Espagne, qui borde la mer Cantabrique... Comment, vous ne l’aviez pas remarqué ? :o) Et je ne parle même pas de la masse vert sombre qui figure la forêt des Landes.

Cette épée, bien sûr, rappelle immédiatement celle de Roland, Durandal, d’autant que l’I.S. « CA S’EST PASSE EN L’AN 778 » vient encore enfoncer le clou avec son mini-visuel où l’on distingue un olifant.

Et c’est là qu’à mon avis, s’ouvre une magnifique, mais hélas! fausse piste, qui m’a retenu jusqu’à ce que Max dise très clairement qu’il n’y a qu’un seul lieu à trouver en 470. Paradoxalement, cette fausse piste ne gênera pas le chercheur qui ne vérifie pas ses sources et se contente de prendre les choses telles que l’énigme les lui présente, au premier degré. Pour celui-là, l’épée plantée dans le rocher est Durandal, l’épée de Roland ; elle est plantée « A RONCEVAUX », ce qui re-re-confirme le Tout de la charade.

Mais pour celui qui vérifie et se documente (en l’occurrence, en (re)lisant La Chanson de Roland), il n’y a aucun doute : historiquement (si tant est qu’on puisse employer ce mot à propos d’un récit largement déformé par la légende), Durandal n’a jamais été plantée dans aucun rocher ! Or, si ce n’est pas Durandal qui figure sur le visuel, laquelle est-ce ?

Si l’exploration de cette passionnante fausse piste vous intéresse, lisez cette page...

Personnellement, je me suis résolu à l’abandonner en constatant que Max a dit :

  • que la 470 ne donne qu’un seul lieu—or, « ma » fausse piste m’en donnait d’autres ;

  • que l’épée (qui peut être identifiée) et son propriétaire vont de pair avec la destination de la 470, à savoir Roncevaux.

La solution complète de la 470 est donc A RONCEVAUX. Point.

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Quant à la lumière... voici ce que nous en savons :

  1. Max dit : « À ce stade du jeu, vous commencez à avoir une idée de la lumière, puis vous avez des certitudes, mais plus tard », ou encore : « Oui, à ce stade, vous savez (ou avez de fortes présomptions!) quant à la lumière. Mais à l’issue de la 470, vous devez en être sûr. Ce qui ne signifie pas, bien sûr, que les énigmes suivantes ne vous apprennent rien de neuf à ce sujet... »

  2. Max dit aussi : « “Par l’Ouverture” signifie simplement “par l’Ouverture”, que cela veuille dire “en plein par l’Ouverture” ou “pas en plein par l’Ouverture mais par l’Ouverture quand même” ! Cette expression est suffisamment précise pour vous permettre d’en faire ce que vous devez en faire... »

    Ce madit est particulièrement intéressant car, Bourges étant représentée par un petit polygone d’une certaine surface sur la 989, on sait qu’il ne sera pas indispensable, par la suite, de faire passer nos tracés exactement par le centre de ce polygone... Ce qui nous sera fort utile, notamment dans la 500.

  3. L’énigme ne nous permet pas, prima facie, de « localiser » précisément un lieu et de dire que c’est la lumière. Contentons-nous donc pour le moment de dire que la lumière est, en tant que concept, la solution d’une énigme, mais pas n’importe laquelle : c’est une solution trouvée par alignement entre un point de départ (ici, Roncevaux), l’Ouverture, et un point d’arrivée.

  4. Ainsi définie, la « Lumière » de la 470 n’est pas matérialisable sur la carte puisqu’il semble que nous n’ayions pas véritablement de point d’arrivée—car, je le rappelle, il n’y a qu’un seul lieu à trouver dans cette énigme. Cette hypothèse n’est pas contredite par le madit selon lequel « la lumière est en France », ni par le fait que la lumière a été rencontrée sous une certaine forme avant la 470... puisqu’avant elle, nous avons déjà résolu la B, la 530 et la 780. Nous avons donc, trois fois déjà, « vu la lumière »...

  5. Quant au fameux « élément antérieur qui permet de savoir que c’est la “bonne” Lumière », c’est tout simplement l’Ouverture, trouvée en 530. En matière de Lumière, la 470 est donc une « répétition en costumes », à la fois mode d’emploi et exercice d’application. Nous aurons plus tard d’autres occasions de chercher la Lumière, et cette fois le point d’arrivée qui nous fait ici défaut sera bien présent...

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CE VISUEL EST-IL SIGNÉ PAR BECKER ?

Comme cette question revient régulièrement sur le forum de la Chouette, j’ai décidé de mettre en ligne ici une photo de l’intégralité du tableau illustrant la 470. La partie basse de ce tableau a été tronquée lors de la mise en page du livre, faisant disparaître la signature, qui pourtant existe bel et bien, comme sur les autres visuels :


La signature est visible en bas à gauche (voir détail sur la photo ci-dessous)


Détail du tableau original photographié chez Michel Becker

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