ARCHIVES
DES CHASSES CHASSES MSN PAR MAX VALENTIN
LE TESTAMENT DE FLORENCE B.
| Fiction
| I.S. | Texte des étoiles
| Solution officielle |
Note
liminaire :
Cette première chasse de Max Valentin
sur Internet fut mise en ligne début décembre 1996. Elle comprenait,
comme celles qui devaient suivre, une fiction destinée à « planter
le décor », un visuel animé (décrit dans la fiction comme « un
petit appareil muni d’anneaux tournants ») représentant un
ciel nocturne dont certaines étoiles—thème récurrent de cette chasse—invitaient
au clic, et enfin une « machine logique » permettant aux
chasseurs de saisir leurs réponses en ligne et d’obtenir d’autres
informations pour poursuivre la quête.
Le fonctionnement de ces gadgets est expliqué par Max Valentin dans
les solutions.
1.
La fiction
« J’avais 22 ans lorsque
je fis la connaissance de Florence B. Si je n’étais investie d’aucune
mission particulière à ses côtés, je m’aperçus très vite qu’elle
m’avait dévolu celle de demoiselle de compagnie. Florence estimait
en effet que son statut de vedette de cinéma exigeait qu’elle fût
entourée et servie par un personnel aussi pléthorique qu’inutile.
Lorsqu’elle m’engagea, sa carrière était déjà bien entamée, et elle
allait de succès en succès. Nous étions alors dans les années cinquante.
J’eus la chance de devenir
sa confidente. Florence était une immense artiste, mais moi, je
la voyais comme une adorable cabotine, capricieuse et gâtée par
des courtisans plus ou moins intéressés. Je la suivais partout:
sur les tournages, dans les palaces où elle avait ses habitudes;
j’assistais à ses interviews, ordonnais l’agencement de ses bibis,
disposais ses gerbes, lui lisais ses télégrammes, jouais au cerbère
devant sa loge, triais ses prétendants et fermais la porte de sa
chambre lorsqu’elle y recevait l’un ou l’autre de ses admirateurs
congestionnés par l’expectative. C’est vrai, Florence tombait amoureuse
en une fraction de seconde, et elle ne s’assagit que la soixantaine
passée!
Bien avant de me connaître,
elle eut de multiples aventures avec ses partenaires, flirta avec
d’obscurs et vieillissants princes russes, entretint des idylles
avec des magnats de l’industrie et de la banque puis, l’âge venant,
fréquenta toutes sortes de mondains et d’artistes célèbres, et n’en
regretta aucun.
Florence eut la chance inouïe
de posséder une tête qui ne passa jamais de mode, et elle glissa
des planches à l’écran avec un égal bonheur. Elle était belle, mais
d’une beauté effacée, douce, presque invisible. Les hommes savent
bien que cette beauté-là est la plus redoutable de toutes, car elle
ne vous saute pas aux yeux mais vous oblige à un effort. Et lorsqu’on
tentait de comprendre le pouvoir de séduction de Florence, il était
trop tard : on était pris dans ses rets! Avec sa charmante figure,
son port de déesse, sa culture époustouflante et son esprit (et
grâce aussi à son comportement héroïque pendant la guerre), elle
traversa toutes les époques et resta à l’affiche pendant soixante-douze
ans. Une sorte de record mondial !
Dans ses jeunes années,
sur scène, son frais minois fit frémir des milliers d’hommes murs
rêvant de tendrons. Puis, les ans passant, elle se spécialisa dans
les rôles de femmes fatales et, grâce au cinéma, émoustilla des
générations d’adolescents boutonneux. Plus tard, elle joua les bourgeoises
trompées, les femmes de colonel, les épouses de notaire. Enfin,
sa faconde et le pétillement naturel de ses yeux lui procurèrent
ses inoubliables rôles de grands-mères, de veuves dignes et de «
matriarches claniques » comme elle se plaisait à les appeler...
Dans son dernier rôle, deux ans avant sa mort, Florence prêtait
ses traits à l’égérie d’un grand peintre (laquelle, dans la réalité,
avait vingt ans de moins qu’elle !). Cette prouesse fut saluée par
les critiques unanimes, ce qui suscita chez elle cette remarque
piquante teintée de cynisme qui prouvait qu’elle avait toujours
la tête sur les épaules :
En France, ma chère
Sabine, on respecte les monuments historiques !
Pendant toute la durée de
son éblouissante carrière, Florence sut être présente sans être
envahissante et réussit à se faire désirer sans se faire oublier.
Et durant toutes ces années, je restai à ses côtés. Nous nous entendions
à merveille, et notre différence d’âge ne fut jamais un handicap.
Florence était une femme extraordinairement cultivée et aimait passionnément
la lecture. Elle possédait une superbe collection de livres parmi
lesquels figuraient, entre autres, de précieuses éditions originales
de Jean de La Fontaine. Il lui arrivait de les caresser comme on
caresse un animal de compagnie : avec un amour infini. Son éclectisme
était sans limite. Un journaliste, admiratif, avait un jour écrit
que Florence pouvait aussi bien disserter sur les films de William
Wyler que sur l’œuvre de Descartes et d’Oronce Fine, ou de se livrer
à une exégèse savante du travail de Pierre Soulages ! Cette étourdissante
culture, aux antipodes de ce qui était la norme dans le show-business,
fascinait les médias et le public, et faisait d’elle un être à part.
Ce qui alimentait encore
notre complicité, c’était une passion commune, obsédante, pour les
jeux de l’esprit. Tous les matins, nous nous faisions livrer deux
exemplaires du même journal. Puis, à onze heures précises, se déroulait
un cérémonial immuable : crayon en main, nous nous attaquions aux
mots croisés. La moins rapide devait s’amender par la réalisation
d’un gage loufoque. Que de fous rires dans mes souvenirs ! Je la
revois, quelques jours avant sa mort, s’étranglant de rire, hoquetante.
Malgré son grand âge, Florence gardait une incroyable vivacité d’esprit
et un tonus de jouvencelle :
Si mes admirateurs
me voyaient, moi, une star, hirsute, en pantoufles et robe de chambre,
imitant le grognement du cochon !...
Et alors ? répondis-je,
vous avez bien le droit d’oublier le strass et le stress lorsque
vous n’êtes pas devant les caméras ! Ici, nul besoin d’être une
star, Florence...
Elle retrouva immédiatement
son sérieux. De cette voix restée profonde et grave, et qui avait
troublé des millions de spectateurs, elle dit :
Une star, ma chère
Sabine, ce n’est pas une femme, mais le pur produit d’un lavage
de cerveau administré par de la pellicule et un écran ! Il
y a une différence énorme entre une star et une vedette. Une vedette,
vois-tu, on ne lui pardonne pas de vieillir, elle doit rester belle...
Une star, peu importe qu’elle vieillisse : elle quitte sa dimension
humaine et se transforme, de son vivant, en statue. Sarah Bernhardt
était une authentique star, car à la fin de sa vie, amputée, elle
s’offrait le luxe de monter sur scène en claudiquant, sans se soucier
de son image, et enchaînait triomphe sur triomphe, y compris à l’étranger...
Mais en contrepartie de cet état quasi divin, les starsles
vraies !doivent vivre dans le mensonge et les faux-semblants.
Une star, ça ne mange pas : ça picore ! Ca ne boit pas, ça
trempe ses lèvres dans le champagne ou la vodka ! Ca ne transpire
pas, ça a des moiteurs ! Ca ne se marie pas, ça partage la
couche d’autres stars ! Et ça ne s’extériorise pas, car rien
de ce qui peut émouvoir, troubler ou amuser le commun des mortels
ne peut la toucher...
Une star, vois-tu,
a l’obligation de ne jamais rien entreprendre qui pourrait lézarder
le mythe. Ce n’est pas une affaire de physique. Regarde-moi, Sabine
: j’ai presque quatre-vingt dix ans, je suis une très vieille dame.
Je hais les miroirs qui me renvoient une image que je ne reconnais
pas, j’ai du mal à marcher, à lire, et j’ai des rhumatismes. Or,
une légende, ça n’a pas d’arthrose et ça ne porte pas de lunettes !
Mais quand je mets le pied devant la porte, je provoque encore des
émeutes !... Que ça me plaise ou non, je suis une star, et
je dois me plier à cette exigence jusqu’à mon dernier soupir. N’oublie
jamais cela, Sabine : j’étais, suis et resterai toujours une
star !
Une fois par semaine, Florence
et moi inventions des énigmes compliquées et les proposions à notre
mutuelle sagacité. C’est sans doute grâce à cet exercice qu’elle
sut garder, jusqu’à la fin, un esprit vif et alerte. J’eus une peine
immense lorsqu’elle disparut. Je me consolais un peu en pensant
qu’elle mourut comme elle l’avait voulu: elle s’endormit et ne se
réveilla pas. Au matin, son visage était serein et calme...
Le notaire me convoqua et
m’informa que Florence m’avait faite l’héritière de son hôtel particulier.
Puis il me remit une enveloppe. Je l’ouvris et lus :
« Ma chère Sabine, en souvenir
de nos joutes intellectuelles, je te soumets une dernière énigme.
Je suis persuadée que tu en viendras à bout. Mon notaire et vieil
ami, Maître Martin, a bien voulu se charger d’enterrer une bourse
contenant des pièces d’or quelque part en France, dans un sol public,
et sur mes indications précises. Ce sera donc mon dernier défi:
trouve cette bourse et tu pourras te vanter, avec ma bénédiction,
d’être plus forte que moi ! Tu as tout le temps du monde pour y
arriver, mais n’oublie pas de regarder ta montre... Si tu n’y parvenais
pas, tu pourras faire ce qu’il te plaira du contenu de cette enveloppe.
Je t’embrasse très fort et te remercie pour ton indéfectible dévouement
et ton amitié. Ta Florence, pour l’éternité. Ne sois pas triste. »
Outre cette lettre, l’enveloppe
contenait des dessins de paysages, trois notes sibyllines et un
bijou qui était en fait un petit appareil muni d’anneaux tournants,
dont j’ignorais le fonctionnement, mais que je devinais être une
sorte de calculette rudimentaire.
La première note disait :
« Après les deux premières
étapes, compte un million du point le plus au nord au point le plus
à l’ouest. Joins les deux châteaux pour te rapprocher du troisième. »
Un autre billet disait :
« Après avoir traversé
la cité historique, arrête-toi. Je vais t’aider à voir la lumière
: 3, 22, 1, 52, 25, 9, 15, 2, 27, 27, 26, 49, 51 »
La troisième note disait :
« Pour trouver ce carrefour,
pense à ce qui a été utile jusqu’ici, et tourne tes yeux vers le
midi. Mais pour trouver l’eau, pense à ce qui a été inutile ! »
Je me doutais bien que ces
notes étaient destinées à me mettre sur la voie... Pauvre Florence...
Malgré mes efforts, je ne parvins pas à résoudre son casse-tête
! Je confiai donc le tout au fils d’un ami qui me proposait de les
diffuser dans le public grâce à un système auquel je ne compris
rien et qui s’appelle « Internet ». J’espère sincèrement que quelqu’un
réussira à briser l’énigme de Florence B.Mais je sais aujourd’hui
qu’elle était plus forte que moi...
| Haut
de la page | Suite
2. Les indications
supplémentaires
Une première I.S. fut diffusée le 31
décembre 1996 :
« CE N’EST PAS
LE MOMENT DE LEVER LE PIED, ET ENCORE MOINS LA MAIN. »
Le 13 janvier 1997 furent diffusées les
trois I.S. suivantes :
« TON CRAYON
A BIEN VOYAGÉ ?... IL EST TEMPS QU’IL RENTRE AU BERCAIL. »
« POUR DÉMARRER,
TU PEUX TROUVER CINQ RÉPONSES DIFFÉRENTES, MAIS TOUTES SONT EXACTES. »
« LA MACHINE
EST PRÉCIEUSE, ELLE PEUT TE DONNER SIX CHOSES. »
| Haut de la page
| Suite |
3. Les
textes des étoiles
Comme expliqué dans l’introduction, 11
étoiles du visuel tournant, plus brillantes que les autres, provoquaient,
lorsqu’on cliquait sur elles, l’affichage d’un court texte permettant
d’identifier une ville de France. Ces 11 villes une fois connues,
le tracé des relèvements réciproques permettait de localiser approximativement
le « lieu virtuel », au centre de la France, où était
censé se trouver le chercheur lorsqu’il utilisait le visuel tournant.
Toutefois, il s’agissait là d’une fausse piste, ce lieu étant sans
intérêt pour la suite.
Azimut
|
Texte
|
0
|
Cherchez la tour du
Menteur, levez les yeux sur son beffroi du XVème siècle, et
visitez ses nombreux musées, parmi lesquels parmi lesquels l’un
des plus beaux musées français d’art moderne. |
20
|
Par des ruelles pleines
de charme, rendez-vous à la porte St Jean. Elle donne accès
à une jolie promenade qui vous permettra de découvrir les toits
de la ville basse. |
70
|
Sur la porte droite
du portail ouest de la cathédrale de cette ville, admirez «
Le séducteur et les Vierges Folles ». Ce Don Juan du XIIIème
siècle tient une pomme dans sa main, et son dos est envahi par
des serpents. |
80
|
Cette ville détient
le record de France du nombre de musées techniques. Si l’histoire
de l’industrie vous passionne, ne manquez pas ceux qui sont
consacrés aux véhicules motorisés. Tous les goûts seront satisfaits
! |
125
|
Prenez de l’altitude,
passez la porte Pignerol, et découvrez sa vieille ville entourée
de remparts. A voir : les bastions du XVIIème siècle, la Collégiale
et, bien sûr, l’amusante « Grande Gargouille ». |
140
|
Jean Cocteau a décoré
la salle des mariages de la mairie, et cette ville a consacré
un musée au poète. Pour vous rendre à l’église Saint-Michel
qui surplombe la ville, empruntez l’imposant escalier. |
166
|
« L’homme aux Rubans
Noirs » revêtu d’un pourpoint gris-marron aux manches serrées
aux poignets par des rubans, était-il Molière? Vous pouvez admirer
cette superbe œuvre dans l’un des musées de cette ville où Paul
Valéry flâna en compagnie d’André Gide et de Pierre Louÿs. |
180
|
Sa cathédrale contient
un magnifique retable monumental datant d’environ 1625. Le décor
de la chapelle fut financé par le chanoine Gaillard Roux en
réparation des torts qu’il aurait causés à François d’Estaing,
son évêque. |
230
|
Cette ville ouvre sur
un abri célèbre. Les rues de la « ville d’hiver » présentent
un tracé sinueux et déroutant, mais d’une étonnante efficacité
contre le vent. Face à cette ville, l’Île aux Oiseaux. |
260
|
Dans cette ville, une
ancienne coutellerie transformée en manufacture d’armes héberge
aujourd’hui l’un des plus étonnants musées européens de l’automobile. |
285
|
Découvrez la Cohue sur
le parvis de la cathédrale St Pierre, perdez-vous dans les vieilles
ruelles médiévales… Cette ville conserve un chef-d’œuvre : un
coffret de mariage du XIIème siècle représentant des scènes
de la vie seigneuriale. |
| Haut
de la page | Suite |
4. Les solutions
Le
texte qui suit est la transcription exacte des solutions publiées
par Max Valentin sur le site MSN après la découverte du trésor le
16 février 1997.
La solution du « Testament
de Florence B. » est décomposée en six étapes.
1ère
étape
La première impression que les joueurs ont pu avoir en découvrant
« Le Testament de Florence B. », c’est d’être à l’intérieur d’une
entité panoramique de 360 degrés dont le centre (l’endroit virtuel
où le joueur se trouve lorsqu’il fait défiler le visuel) serait
la localisation du trésor. Mais c’était là une solution bien trop
évidente pour être retenue.
En cliquant sur les étoiles
du visuel, le joueur obtenait des définitions concernant 11 villes
de France qu’il devait identifier :
Sa cathédrale contient un
magnifique retable monumental datant d’environ 1625. Le décor de
la chapelle fut financé par le chanoine Gaillard Roux en réparation
des torts qu’il aurait causés à François d’Estaing, son évêque.
Rodez.
Par des ruelles pleines
de charme, rendez vous à la porte St Jean. Elle donne accès à une
jolie promenade qui vous permettra de découvrir les toits de la
ville basse. Château-Thierry.
Prenez de l’altitude, passez
la porte Pignerol, et découvrez sa vieille ville entourée de remparts.
A voir: les bastions du XVIIème siècle, la Collégiale et, bien sûr,
l’amusante « Grande Gargouille ». Briançon.
Dans cette ville, une ancienne
coutellerie transformée en manufacture d’armes héberge aujourd’hui
l’un des plus étonnants musées européens de l’automobile. Châtellerault.
Cette ville détient le record
de France du nombre de musées techniques. Si l’histoire de l’industrie
vous passionne, ne manquez pas ceux qui sont consacrés aux véhicules
motorisés. Tous les goûts seront satisfaits ! Mulhouse.
Cherchez la Tour du Menteur,
levez-les yeux sur son beffroi du XVème siècle, et visitez ses nombreux
musées, parmi lesquels l’un des plus beaux musées français d’art
moderne. Dunkerque.
Découvrez la Cohue sur le
parvis de la cathédrale St Pierre, perdez-vous dans les vieilles
ruelles médiévales... Cette ville conserve un chef-d’œuvre : un
coffret de mariage du XIIème siècle représentant des scènes de la
vie seigneuriale. Vannes.
Cette ville ouvre sur un
abri célèbre. Les rues de la « ville d’hiver » présentent un tracé
sinueux et déroutant, mais d’une étonnante efficacité contre le
vent. Face à cette ville, l’Île aux Oiseaux. Arcachon.
« L’homme aux Rubans Noirs
» revêtu d’un pourpoint gris-marron aux manches serrées aux poignets
par des rubans, était-il Molière ? Vous pouvez admirer cette superbe
œuvre dans l’un des musées de cette ville où Paul Valéry flâna en
compagnie d’André Gide et de Pierre Louÿs. Montpellier.
Jean Cocteau a décoré la
salle des mariages de la mairie, et cette ville a consacré un musée
au poète. Pour vous rendre à l’église Saint-Michel qui surplombe
la ville, empruntez l’imposant escalier. Menton.
Sur la porte droite du portail
ouest de la cathédrale de cette ville, admirez « le Séducteur et
les Vierges folles ». Ce Don Juan de la fin du XIIIème siècle tient
une pomme dans sa main, et son dos est envahi par des serpents.
Strasbourg.
La question se posait alors
de savoir quoi faire de ces 11 villes... Très vite, les joueurs
ont découvert que la machine à écrire acceptait 6 données, et non
pas 11. Il fallait donc introduire dans cette machine 6 noms de
villes. Mais lesquels ? Le joueur aurait pu être tenté de procéder
par tâtonnements et essais, mais le nombre de combinaisons à tester
vouait la tentative à l’échec.
C’est l’histoire de Florence
B. qui lui fournissait l’indice déterminant. Le texte disait en
effet : « Elle possédait une superbe collection de livres,
parmi lesquels figuraient (...) de précieuses éditions originales
de Jean de La Fontaine. (...) Un journaliste, admiratif, avait un
jour écrit que Florence pouvait aussi bien disserter sur les films
de William Wyler que sur l’œuvre de Descartes et d’Oronce Fine,
ou de se livrer à une exégèse savante du travail de Pierre Soulages. »
Note
de Monglane:
Max Valentin a fait ici une flagrante entorse (la seule connue à
ce jour...) au principe de cohérence interne des chasses au trésor.
En effet, les personnages cités ci-dessus ont une importance capitale
pour la suite, comme on va le voir: sans eux, impossible de décrypter
lénigme. Or, cest Sabine, la narratrice, qui les cite
presque au hasard... Sabine, qui est censée ignorer leur importance
puisquelle na pas pu résoudre lénigme elle-même !
Pourquoi cite-t-elle justement, précisément, les éditions originales
de La Fontaine ? Florence B. navait-elle pas dautres
livres précieux ? Et pourquoi se rappelle-t-elle, précisément,
de cet article publié « un jour » par un journaliste...
parmi les centaines darticles écrits sur Florence B. ?
On comprend bien que Max devait placer ces indices indispensables
pour la suite, mais les faire naître ainsi, côte à côte, sous la
plume dune ex-dame de compagnie qui ignorait tout de la solution,
est par trop invraisemblable.
Ces 5 personnages permettaient
d’isoler 5 villes, qui sont leurs lieux de naissance : Château-Thierry
pour Jean de La Fontaine, Mulhouse pour le cinéaste William Wyler
(de son vrai nom Camill Wyler), Châtellerault pour Descartes, Briançon
pour Oronce Fine et Rodez pour le peintre Soulages. À noter : il
y a contestation à propos du lieu de naissance de Descartes, puisque
la ville de La Haye-Descartes revendique sa naissance sur le territoire
de la commune. C’est historiquement faux : le père de Descartes
était originaire de Châtellerault et sa mère de la Haye. Cette dernière,
arrivée à terme en mars 1590, et voulant se rendre de Châtellerault
à la Haye, accoucha dans un fossé poitevin (donc du côté de Châtellerault),
en bordure d’un pré appelé « le pré Falot » lequel, lui, se trouve
effectivement en Touraine (donc du côté de la Haye). Mais toujours
est-il que Descartes est bel et bien né dans le Poitou ! En revanche,
il est exact qu’il fut baptisé à la Haye et qu’il y habita.
Dès lors, le joueur possédait
5 villes... mais la machine en voulait 6 ! Pour venir à bout de
ce dilemme, il fallait se souvenir que Florence B insistait lourdement
sur sa qualité de « star » (étoile), recommandant à Sabine de «
ne jamais oublier qu’elle était une star ». C’était un indice important.
De plus, le visuel invitait, lui aussi, à cliquer sur des étoiles.
À partir de cette
constatation, le joueur devait se servir des 5 villes pour tracer
une étoile à 5 branches sur une carte, ce qui lui imposait bien
sûr de réutiliser l’une des villes deux fois (une fois comme point
de départ de son tracé, et une fois comme point d’arrivée), et,
par conséquent, d’entrer six données dans la machine.
Il pouvait bien sûr commencer
par n’importe laquelle de ces 5 communes, mais à condition que l’ordonnancement
choisi forme une étoile, la machine lui retournait des codes différents
mais qui, une fois décryptés, lui permettaient d’obtenir dans tous
les cas une seule et même phrase (voir plus loin).
Ces codes étaient :
41, 4, 47, 12, 1, 48, 28,
52, 43, 38 15, 51, 38, 17, 45, 19 pour Rodez, Château Thierry, Briançon,
Châtellerault, Mulhouse, Rodez.
22, 45, 28, 19, 2, 33, 6,
45, 15, 41, 3, 32, 19, 2, 55, 48 pour Briançon, Châtellerault, Mulhouse,
Rodez, Château Thierry, Briançon.
49, 8, 7, 46, 9, 40, 14,
56, 3, 46, 23, 11, 54, 9, 53, 27 pour Mulhouse, Rodez, Château-Thierry,
Briançon, Châtellerault, Mulhouse.
36, 47, 42, 41, 12, 5, 49,
11, 38, 7, 58, 46, 55, 31, 21, 62 pour Château-Thierry, Briançon,
Châtellerault, Mulhouse, Rodez, Château-Thierry.
14, 53, 20, 59, 9, 5, 46,
31, 6, 15, 36, 24, 59, 9, 23, 40 pour Châtellerault, Mulhouse, Rodez,
Château-Thierry, Briançon, Châtellerault.
| Haut
de la page | Suite |
2ème
étape
Ces nombres représentaient la place occupée par chaque caractère
dans la liste des villes servant de code. Par exemple, pour le premier
exemple Rodez, Château Thierry, etc., le premier nombre est « 41
» : en 41ème position de la liste de ces villes, on trouve la lettre
« M ». La première lettre de la phrase à reconstituer était donc
un « M », suivie de la 4ème lettre, c’est-à-dire le « E », etc...
Une fois entièrement reconstituée,
cette phrase fournissait l’étalon de mesure à adopter pour la suite
du jeu, soit: « MESURE CELUI DU ROY » (pied du roi = 0,325 m. Roi
= allusion à Louis XIV = Versailles = Roi Soleil = Soleil = étoile
= star : voir plus loin.)
Six autres villes étaient
présentes sur l’écran, mais aucune allusion n’en était faite dans
l’histoire: Dunkerque, Vannes, Arcachon, Montpellier, Menton et
Strasbourg. Elles servaient de code final (voir plus loin).
3ème
étape
Cette 3ème étape se résolvait grâce à la note dont il
est fait mention dans l’histoire : « APRÈS LES DEUX PREMIÈRES ÉTAPES,
COMPTE UN MILLION DU POINT LE PLUS AU NORD AU POINT LE PLUS À L’OUEST.
JOINS LES DEUX CHÂTEAUX POUR TE RAPPROCHER DU 3EME.»
« Les deux premières étapes
» étaient bien sûr celles qui ont été décrites précédemment, et
non pas des étapes d’un parcours géographique. « Compte un million
du point le plus au nord au point le plus à l’ouest » : « un million
» représente un million de fois un pied du roi de 32,5 cm, soit
325 km, distance entre Château Thierry (« château » le plus au nord)
et Châtellerault (« château » le plus à l’ouest). « Pour te rapprocher
du 3ème » : pour se rapprocher de Versailles.
| Haut
de la page | Suite |
4ème
étape
Cette 4ème étape se résolvait grâce à la deuxième note
dont il était fait mention dans la fiction : « APRÈS AVOIR TRAVERSÉ
LA CITÉ HISTORIQUE, ARRÊTE-TOI. JE VAIS T’AIDER À VOIR LA LUMIÈRE:
3, 22, 1, 52, 25, 9, 15, 2, 27, 27, 26, 49, 51 ».
La « cité historique » était
Orléans, traversée en plein milieu par la droite Châtellerault-Château-Thierry.
« Voir la lumière » était une allusion directe à Versailles (le
Roi Soleil). Grâce au code déjà utilisé précédemment (voir « 2ème
étape »), les chiffres 3, 22, 1, 52, 25, 9, 15, 2, 27, 27, 26, 49,
51, une fois décryptés, signifiaient « DIRECTION NORD ». L’étoile
à utiliser pour ce décryptage était celle dont le tracé commence
par Rodez, car la plupart des gens tracent les étoiles à 5 branches
en commençant par le bas. En l’occurrence, c’est d’ailleurs ce qu’a
fait la quasi totalité des joueurs. Ceux qui ont commencé par une
autre ville ont pu éprouver des difficultés à ce niveau, et, après
avoir fait des essais, certains ont du ré-agencer leur ordre des
villes.
À ce stade, le joueur savait
qu’il devait quitter l’axe Châtellerault-Château-Thierry à la «
sortie » d’Orléans, et se diriger vers le nord. A moins d’avoir
compris que sa destination était Versailles, il ne savait pas jusqu’où
aller, même si, à ce niveau du jeu, les allusions à Versailles étaient
déjà assez nombreuses. Il lui fallait alors découvrir où le jeu
aboutissait à partir de là. C’est la 5ème énigme qui lui apportait
la réponse.
5ème
étape
Cette 5ème étape se résolvait grâce à la troisième note dont il
était fait mention dans la fiction. « POUR TROUVER CE CARREFOUR,
PENSE À CE QUI A ÉTÉ UTILE JUSQU’ICI, ET TOURNE TES YEUX VERS LE
MIDI. MAIS POUR TROUVER L’EAU, PENSE A CE QUI A ÉTÉ INUTILE. »
Le joueur pouvait se servir
à ce stade d’une carte IGN 2214ET, mais ce n’était pas indispensable.
Idéalement, il devait repérer « le carrefour » soit « l’Étoile Royale
» dans le parc du château de Versailles (« Étoile » = ce qui lui
a servi pour arriver jusqu’ici), puis il devait comprendre que la
suite se déroulait en direction du sud (le midi) par rapport au
château de Versailles. Toutefois, s’il ignorait l’existence de l’Étoile
Royale dans le parc du château, il pouvait tout aussi bien continuer
le jeu en prenant comme point de départ le château de Versailles,
dans son ensemble.
« Trouver l’eau »: l’aqueduc
de Buc, qui amenait l’eau à Versailles. Long de 580 mètres, il a
été construit entre 1684 et 1686. Il se compose de 2 étages dont
la moitié inférieure est enterrée dans le remblai de la route Versailles/Toussus-le-Noble.
L’étage visible se compose de 19 arcades de 9 mètres d’ouverture
et 21 mètres de haut. « Ce qui a été inutile » (les 6 villes qui
n’ont pas encore servi) seront nécessaires dans la dernière énigme.
| Haut
de la page | Suite |
6ème
étape
Cette 6ème et dernière étape se résolvait grâce aux 6 villes non
encore utilisées, soit Dunkerque, Vannes, Arcachon, Montpellier,
Menton et Strasbourg. Là, le chercheur devait tâtonner un peu s’il
n’avait pas le bon ordre. Ce bon ordre était suggéré par la phrase
« mais n’oublie pas de regarder ta montre »: il lui fallait en effet
agencer ces villes dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
De toutes façons, il n’y avait là que deux possibilités, et après
avoir éliminé la première (dans le sens des aiguilles d’une montre),
le joueur découvrait que la deuxième lui donnait un résultat cohérent.
Ce résultat s’obtenait en
tapant le nom des villes dans la machine, laquelle retournait alors
les chiffres suivants: 20, 21, 36, 43, 18, 21, 5, 1, 22, 48, 10,
29, 23, 44, 32, 38, 31, 9, 44, 2, 10, 11, 16, 8, 46, 22, 48, 38,
27, 39, 48, 6, 40, 5, 19, 50, 16, 48, 20, 21, 29, 27, 22, 2, 49,
40, 33, 11, 1, 34, 47, 32, 38, 36, 18, 21, 36, 6, 20, 21, 5, 30,
36, 42, 43, 22, 48, 17, 5, 42, 25, 48, 43, 13, 29, 27, 39, 32, 9,
42, 43, 36, 50, 16, 17, 1, 33, 31, 14, 41, 14, 15, 17, 11, 18, 32,
23, 36 15, 41, 22, 40, 27, 1, 39, 43, 5, 33, 41.
Ces chiffres se décodaient
grâce au code déjà utilisé précédemment (voir « 2ème étape »). Une
fois décryptés, ils signifient :
« CHERCHE D’OU VENAIT L’EAU.
VA AU BOUT, TOURNE A GAUCHE, TOURNE A DROITE, CHERCHE LE TROU. RETOURNE-TOI
ET REGARDE-LE. SES RACINES SONT DORÉES. »
« Cherche d’où venait
l’eau » faisait référence à l’aqueduc de Buc (voir ci-dessus). À
l’extrémité de cet aqueduc, sur la gauche, un chemin longe la forêt.
Le chercheur devait l’emprunter, puis tourner à droite et remonter
le chemin en pente entre les parcelles 88 et 89 de la forêt domaniale
de Versailles, jusqu’à l’emplacement d’un trou rectangulaire aux
parois empierrées, au bord du chemin, sur le côté droit. Face à
ce trou, de l’autre côté du chemin, se trouve un arbre. Le trésor
était caché dans une cavité entre ses racines (du côté opposé au
chemin).
© Éditions du Trésor
/ Max Valentin, novembre 1996.

La main de Max Valentin
tenant le paquet du « Trésor de Florence B. »
| Haut
de la page | Sommaire des
chasses MSN | Homepage |
La
Bourse de Saintoyand | Une
histoire d’Histoire | Le
Trésor venu du futur |
|